
Date de sortie : 2011
Réalisateurs : Olivier Nakache et Éric Toledano
Producteurs : Nicolas Duval, Yann Zenou et Laurent Zeitoun
Sociétés de production : Gaumont, TF1 Films Production, Quad Productions, Chaocorp, Ten Films
Principaux comédiens : François Cluzet, Omar Sy.
Note présence tabac à l’écran : ** Note suggestivité/toxicité : ****
Histoire – Driss (Omar Sy) grand gaillard black venu tout droit d’un quartier HLM de banlieue décroche, grâce à sa verve et à sa sympathique spontanéité, un improbable emploi de garde malade auprès de Philippe (François Cluzet), un riche tétraplégique.
Présence tabac – Omniprésente tout au long du film, la cigarette apparait entre les mains de Driss chaque fois qu’il est soucieux, fatigué, confronté à une difficulté. La cigarette est même présente à l’écran dès la première scène – pré-générique – lorsque, après s’être gentiment joué des motards de la police au volant de sa Maserati, Driss savoure sa bonne blague en en allumant une qu’il partage fraternellement avec Philippe, assis à ses côtés.
Message subliminal – Fumer c’est cool ! Et, surtout (conformément à une légende solidement établie), c’est un excellent moyen de se détendre et de se relaxer ! Rien de mieux qu’une clope pour décompresser… Mieux encore, la cigarette a des vertus quasiment miraculeuses : 1/ elle réunit les générations (jeunes/vieux), 2/ elle fédère les milieux sociaux (riches/pauvres) et, pour faire bonne mesure, 3/ elle met sur un pied d’égalité valides et invalides !! Enfin, cerise sur le gâteau, si quelqu’un comme Philippe, être cultivé, brillant et au sommet de l’échelle sociale, accepte lui aussi d’en griller une avec Driss alors, plus de doutes : le tabac c’est quelque chose de vraiment bien. Encore un peu et on serait presque tenté de croire que le tabac peut guérir le cancer !!
Réalité – Fumer n’a jamais aidé personne à être cool ; soumis, asservi, prisonnier, esclave oui, assurément ; cool, non, sauf dans l’imaginaire collectif que les marchands de tabac s’évertuent à créer à force de millions déversés, notamment, dans la production cinématographique… Fumer permet de se bercer de l’illusion que l’on est cool pour cette simple raison que le lobby du tabac nous abreuve depuis plusieurs dizaines d’années d’images associant tabac et coolitude. En réalité ce qui est vraiment cool c’est d’être capable de dire non, de résister au piège mortel que nous tendent les tobacco companies pour mieux nous prendre dans leurs filets et nous asservir. Ça s’est vraiment cool : être capable de dire non, être plus fort que les multinationales, leurs milliards et leurs lobbyistes.
Conclusion – Film de tous les records (1er au box-office pendant 9 semaines, près de 20 millions d’entrées,…) Intouchables restera aussi, malheureusement, comme un film ayant contribué à envoyer de jeunes à la mort – une mort atroce venant au terme de souffrances insupportables – par l’encouragement qu’il leur aura donné de fumer, rendant ainsi inutiles et vains les efforts déployés par les services de santé gouvernementaux ou associatifs pour tenter de protéger ces mêmes jeunes de cette tentation mortelle qu’est le tabac. Les producteurs et les comédiens auront certainement gagné des fortunes grâce à ce film au succès colossal – et c’est tant mieux pour eux – mais les véritables gagnants sont ailleurs. Le grand vainqueur est assurément le lobby du tabac pour lequel ce genre de film tient du jackpot historique ; quelques soient les sommes qu’ils auront investies dans Intouchables – et elles sont probablement importantes – les retombées seront de toutes façons au-delà de toute attente : des consommateurs par milliers, dizaines de milliers peut-être même, les campagnes de lutte contre le tabagisme battues en brèche… Que du bonheur. Bien sûr, à terme, il y aura des milliers de morts mais, bon… Qui s’en soucie ? Omar Sy ? Pas le CNC en tous cas, manifestement.